Inauguration ministerielle pour le tram de Valenciennes

Pari audacieux, Francis Decourrière, Président du SITURV (Syndicat intercommunal des transports urbains de Valenciennes, devenu aujourd'hui Transvilles) avait annoncé en février 2003 que le nouveau tramway serait inauguré le 16 juin 2006 : l 'échéance a été respectée. Mais le nouveau tramway valenciennois est né orphelin : celui qui l'a mis sur rails est décédé le 2 juillet 2005 à l'âge de 85 ans et n'aura pu voir l'aboutissement de son projet. Mais sa mémoire est perpétuée par une station qui porte son nom : Jules Chevalier, l'artisan de cette résurrection était une figure emblématique de l'arrondissement. Maire de Aulnoy les Valenciennes (à ne pas confondre avec Aulnoye Aymeries) de 1971 à 2005, il a créé la Sémurval en 1979 (la structure de gestion et d'exploitation du Siturv) et en a occupé la présidence du durant 26 ans avant de prendre la tête du Siturv de 1991 à 2005 : un visionnaire qui a été à l'origine de toutes les innovations des transports valenciennois et qui dès 1992 voulait persuader les édiles politiques de la pertinence du retour du tramway.

Si jadis on fêtait la disparition des tramways qui laissaient désormais le champ libre aux voitures, à Valenciennes chacun s'est réjoui de sa réapparition et la foule s'est pressée dans la joie pour vivre son retour : France Bleu Nord a même consacré sa journée à commenter l'événement. A la station Campus du Mont Houy, la rame numéro 13 (ce n'est pas par superstition mais elle était jugée la plus déverminée) est pavoisée et attend les officiels : elle sillonnera tout le parcours à contresens sur la voie de gauche puisque des arrêts inauguraux sont prévus sur l'itinéraire et elle ne gênera donc pas la noria des autres tramways qui eux, circuleront normalement à droite.

En cabine de conduite, aux côtés de Patrick, 49 ans et qui est un des 80 conducteurs de tram-bus, Jean-Louis Borloo, ministre de l'emploi, de la cohésion sociale et du logement, mais aussi Président de la communauté d'agglomération de Valenciennes Métropole. Visiblement ravi de retrouver la commune dont il a été maire et qui tout le long de l'après-midi ne ménagera pas un bain de foule ponctué de poignées de mains, d'autographes, de discours, cédant aussi aux photos souvenirs avec des handicapés ou associations. Le premier départ s'effectue au milieu des flonflons et lâcher de ballons.

La rame 13 s'arrêtera en gare de Valenciennes où sera dévoilée la statue d' « Ugolin et de ses enfants » de Jean-Baptiste Carpeaux : le Siturv a en effet souhaité que le renouveau du tramway s'accompagne d'un profond remodelage de l'urbanisation et d'un accompagnement culturel, en offrant une ponctuation artistique des stations avec des sculpteurs emblématiques de la région comme « Le couple » de Eugène Dodeigne, « PhiloProf » de François Dufour. A l'arrivée au dépôt de Saint Waast, le tramway pénètre dans l'atelier de réparation en déchirant une porte de papier symbolique : un podium y est installé et les personnalités vont se succéder au micro après être descendues de la rame inaugurale.
A gauche du podium, et sous les spots, la vénérable motrice n°13 (elle aussi !) des anciens tramways de Valenciennes miraculeusement préservée (et prêtée) par l'AMTUIR.
Facétieux, Jean-Louis Borloo faisait applaudir l'opposition politique qui a adhéré au projet tramway, et ne ménageait pas sa satisfaction envers Daniel Percheron, Président socialiste du Conseil régional, auquel il avait ménagé une surprise lors de l'inauguration, en le remerciant de soutenir tous les projets valenciennois. Avant de faire applaudir aussi la majorité !

Une grande fête avec concerts, saltimbanques qui s'est achevée par un feu d'artifice. Dès le lendemain, l'exploitation des tramways commençait « à blanc » c'est à dire sans voyageurs mais dans les conditions réelles du service commercial. Un rodage qui durera jusque la fin juin, mais les valenciennois pourront se l'approprier gratuitement les 1° et 2 juillet : à cet effet, des dizaines de milliers de billets gratuits ont été mis à la disposition des commerçants : une façon de les remercier d'avoir du subir les conséquences des travaux. Le lendemain commencera alors l'exploitation normale, tout juste 40 ans après les derniers tours de roues du tramway de la génération précédente...

L'EXPLOITATION :
L'inauguration ne concerne que la première étape de la ligne du tramway qui relie l'université de Famars au quartier Dutemple. Elle aura nécessité la construction ou reconstruction de quatre ouvrages d'art et s'étire en site propre sur 9,5 km de voies desservant 19 stations dont 5 pôles d'échange (avec 4 parkings routiers), et une population de plus de 50 000 personnes proches du tracé. Avec une vitesse moyenne de 20 km/ h, il faudra 25 mn pour effectuer le parcours total. Le premier tronçon aura coûté 269 millions d'euros et les travaux auront généré un millier d'emplois. L'exploitation du tramway elle-même aura créé 70 emplois.

La phase 2 verra l'extension de la ligne vers Denain en desservant 5 nouvelles stations : longue de 8,5 km, elle reprendra sur sa plus grande partie l'ancienne plate-forme de la voie des houillères et devrait être desservie dès l'été 2007 pour des travaux estimés à 69 millions d'euros.
Les 17 rames Citadis d'Alstom modèle 302 seront alors complétées par quatre autres. On sait que ces rames ont le mérite de pouvoir être personnalisées : les modèles valenciennois sont sobres, avec une proue et poupe en forme de V comme Valenciennes. Une sobriété qui ne les a pas empêchées (avec le mobilier urbain) de remporter en 2005 le prix Janus de la Cité attribué par l'Institut français du design au Siturv et au cabinet « And Partenaires »
Quant à l'atelier dépôt, il est équipé de tout l'outillage « high tech » propre à satisfaire le futur usager.

Willy Deleu
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